13 avril 2006

 

Du chaos à l'harmonie

Karma et liberté
Entretien avec Selim Aïssel

A : Vous dites que tout est écrit et que, pourtant, l’homme peut se libérer. Comment la 4e Voie aborde-t-elle l’idée de liberté ?

Selim Aïssel : Il existe de nombreuses façons d’aborder l’idée de liberté. Chaque plan, chaque niveau a sa liberté propre et on peut dire que celui qui arrive à réaliser toutes les potentialités de sa nature dans ce plan-là est libre, il a réalisé sa nature sur le plan dans lequel il se trouve. Voilà selon moi la définition la moins stupide de la liberté. La liberté pour un train est de pouvoir circuler librement sur des rails ; c’est son niveau. Sa liberté n’est pas de s’envoler, et celui qui imagine cela n’a pas de discernement. Etre libre, c’est exprimer ce qu’on est. L’être humain peut exprimer ce qu’il est sur le plan terrestre. C’est ce à quoi concourt le développement personnel ou l’intégration dans la société, au niveau donc de la vie terrestre, organique.Nous avons une approche un peu différente de la notion de liberté : l’entrecroisement des niveaux. Nous pensons que, pour un être humain, se réaliser sur le plan terrestre est une très belle chose, une très bonne chose ; mais la liberté pour lui consiste à se libérer des lois de ce niveau-là pour accéder à un niveau supérieur. A ce moment-là, il n’est plus prisonnier des lois que lui impose le niveau auquel il est lié de façon contingente. Il peut ne pas rester prisonnier du niveau humain, organique, celui du développement de la personnalité. Il peut accéder à un niveau qui correspond à l’origine de l’humain, le niveau supérieur de l’essence, soumis à un moins grand nombre de lois que le monde matériel. Et moins il y a de lois qui l’emprisonnent, qui le contraignent, plus l’homme s’approche de la liberté. La liberté se gagne donc, plan par plan. Plus on descend dans la matière, plus les lois s’imposent et moins vous êtes libre.Donc à la question : “Que faire ? Puis-je faire quelque chose librement ?”, la réponse est : vous ne pouvez faire quelque chose librement que si vous recevez d’abord une information du niveau supérieur. Tout ce qui se passe à votre niveau est normal, naturel, c’est la liberté de ce plan-là. Mais si vous recevez une information du niveau supérieur, si vous la comprenez et essayez de l’appliquer, vous introduisez un élément de liberté dans votre plan et c’est ainsi que vous pouvez vous libérer. Ceux qu’on appelle les “Eveillés” ou les “Libérés”, sont libérés de ce plan, ils ne sont plus soumis à ses lois, ils ne sont plus emprisonnés par ses lois…Prenons par exemple la loi de la territorialité. Les animaux marquent leur territoire. Vous aussi. Dès que vous manifestez de l’avidité, dès que vous vous accrochez à quelque chose, dès que vous inscrivez votre nom sur un livre, vous marquez votre territoire. Ce n’est pas grave, mais c’est la loi de ce niveau-là. Nous vous enseignons une autre loi. Cette loi est que tout est mis à votre disposition, rien ne vous appartient. Le jour où vous comprenez cette loi, vous arrêtez de mettre votre nom sur les livres. Il en va de même pour toutes les autres lois, comme la loi de la peur, typiquement une loi du monde animal. Nous vous disons que vous pouvez dépasser la peur parce que tout est écrit ; la seule possibilité est que les choses se passent un peu mieux que ce qui est prévu, donc ça va ! Vous faites quelques efforts et ça ira plutôt mieux. Il n’y a donc pas de raisons d’avoir peur !
Ainsi, la liberté commence quand vous parvenez à recevoir une information d’un niveau de conscience supérieur, c’est-à-dire quand vous l’entendez, que vous avez la volonté d’y réfléchir, quand vous lui donnez une valeur et que vous commencez à l’appliquer. A cet endroit, un élément de liberté change ce qui est écrit. C’est même la seule chose qui puisse changer ce qui est écrit. Ce qui est écrit, ce qu’on appelle le destin ou le karma d’un individu, vient du plan supérieur et est inscrit dans le plan inférieur. Il ne peut pas être dés-inscrit dans ce plan-là sans qu’une nouvelle information ne descende du plan supérieur. Voilà ce qu’est le karma : l’être humain vit une vie, meurt et entre dans le monde supérieur avec ce qu’on appelle le corps astral ou l’âme ou l’essence. Ce monde supérieur s’écrit là et, lorsque l’essence redescend, il imprègne le plan terrestre, plan sur lequel rien ne peut être changé, absolument rien. Sauf si, d’en haut, quelque chose à nouveau s’écrit. Alors le plan d’en bas change un peu. Voilà qui explique le paradoxe du karma, une loi d’airain que rien ne peut changer au plan sur lequel il se déroule. Il y faut une information nouvelle venue d’un autre plan. D’ailleurs, les systèmes électroniques fonctionnent de la même façon, ils sont une pâle copie de cette réalité beaucoup plus large : le programme se déroule comme prévu, sauf si on y envoie une autre information. Tout ce qui est créé sur terre ne peut pas être créé en dehors des lois existantes. Le travail des chercheurs, dans tous les domaines, est d’être l’instrument de la révélation d’une loi qui pré-existe, ils n’inventent rien évidemment.Voilà l’idée que nous avons de ce que les gens appellent la liberté.

A : Par rapport au karma, ce n’est pas tant les événements qui importent puisqu’ils sont inscrits, mais ma manière de les appréhender. Voilà où est ma liberté ?

SA : Soit vous réagissez sur votre plan habituel, soit vous agissez à partir de quelque chose de nouveau, c’est-à-dire de l’information supérieure que vous avez reçue. Au lieu de réagir avec votre émotion négative à une situation désagréable, vous agissez à partir d’une attitude plus noble parce que vous avez reçu l’information que c’est possible et que vous avez commencé à en voir l’utilité ou la beauté. Ce qui est important n’est pas tellement de compenser - le karma se compense de toute façon – ce qui est beaucoup plus important est de ne plus en produire. Voilà pourquoi il est tellement essentiel d’adopter des attitudes, des pensées, des émotions justes, de poser des actes de service et de bonté… Vous êtes une partie de l’humanité, et cette partie-là, vous pouvez la rendre pire ou meilleure. Quand vous passez à côté de quelqu’un sans le regarder, sans lui sourire, le karma (qui vous a fait le rencontrer) vous a mis dans cette situation parce qu’il y a là pour vous quelque chose à faire. Si vous ne le faites pas, vous ne compensez pas quelque chose venu du passé, vous passez à côté de la compensation. Vous manquez l’occasion de vous alléger d’un karma passé et vous repoussez un peu plus loin votre propre libération, parce qu’il faudra bien que vous compensiez un jour. C’est pourquoi nous vous disons : soyez ouverts, voyez, entendez, regardez les choses ! La présence à soi, aux autres, au monde est un accélérateur de ce point de vue, voyez la compensation karmique possible ! La 4e Voie est une voie abrupte : la moindre attitude, le moindre exercice dont nous parlons ont de multiples aspects agissant sur de multiples plans… Tout peut être mis en route si vous faites ce que nous proposons simplement. C’est toujours d’une pierre cinq, six ou dix coups…

A : Donc le karma est quelque chose d’éminemment positif, puisqu’il nous permet de corriger nos erreurs. Peut-on dire qu’il est une force intelligente et créatrice ?

SA : Il est l’incarnation de la sagesse et pas seulement de la sagesse, d’une sagesse compatissante qui vous met toujours dans la meilleure situation. Le karma est évidemment mal interprété parce que les gens sont éduqués ici de façon judéo-chrétienne, ils ont toujours un sentiment de culpabilité. Ils interprètent la loi de cause à effet ainsi : j’ai fait quelque chose, je suis puni. Alors qu’en réalité, c’est une loi technique de l’évolution positive des mondes. Quelque chose a été mis en désordre, le karma essaie de le rétablir. Comme vous ne voyez que l’essai de rétablissement, vous culpabilisez. Mais non ! C’est justement le karma qui permet de rétablir l’équilibre, pour que tout avance à nouveau de la manière la plus harmonieuse possible.

A : Depuis que je suis votre enseignement, je comprends qu’il y a des lois, que ces lois s’appliquent, qu’il faut donc agir en fonction de ces lois. A partir de là, il ne sert plus à rien d’implorer telle ou telle clémence… Bref, je ne prie plus comme je le faisais auparavant et ça me manque…

SA : Cette première attitude est une attitude d’incroyant, en réalité. Mais si ! Comme si les dieux - ou Dieu - vous avaient abandonné, comme s’ils n’avaient pas créé la loi du karma, comme si vous étiez une exception dans le monde. A ce moment-là, vous êtes obligé de prier Dieu pour qu’il fasse un truc pour vous. En plus, vous savez mieux que lui ce qui est bon pour vous. Alors qu’en fait, les dieux ont déjà tout prévu avec cette sagesse miséricordieuse qu’est le karma. Malgré toutes les bêtises que vous faites, vous avez la possibilité de compenser et de réparer. Ils l’ont inscrit ainsi. Dans l’évolution du monde, ils ont inscrit la clémence, la possibilité du rachat continuel. Et quand vraiment ça déborde, Dieu le Père dit : “Les humains ont mis un tel chaos qu’ils vont tout gâcher. J’envoie mon fils, on va le tuer pour donner beaucoup d’énergie au monde et tout peut repartir !” C’est-à-dire que les dieux se sacrifient eux-mêmes pour que le monde continue à fonctionner malgré tout, parce que le karma que produisent les êtres humains est tellement énorme qu’ils ne peuvent plus l’assumer. Même la loi du karma est dépassée, il faut à ce moment-là des bodhisattva qui viennent et prennent sur eux le poids du karma (les chrétiens disent “du péché”) du monde. Tout est prévu. Les dieux font tout, vraiment tout pour que le monde avance quand même ! Alors la prière… Et puis la prière, c’est aussi : donne-moi la guérison à moi, mais pas aux autres, occupe-toi seulement de moi ! Voyez, ce Dieu qui s’occupe d’Untel en laissant crever les autres ne m’intéresse pas ! Je crois qu’il existe des forces de sagesse qui choisissent karmiquement. Mais il m’est impossible de croire en un Dieu aussi injuste et qui répond à la séparativité et à l’égoïsme des individus !Pour l’être humain, il ne s’agit pas de prier, il n’y a qu’une seule chose à faire : faire au mieux, avec ce qu’il est, avec ce qu’il a. Simplement au mieux. Ce qui signifie qu’il doit sortir de cette attitude ignorante, infantile, névrotique ou superstitieuse dans laquelle il se réfugie parce qu’il ne veut pas savoir… Il s’agit de recevoir l’information et de recadrer toutes vos attitudes de penser et de ressentir, de les recadrer juste, voilà où est votre liberté ! Ce recadrage permanent, jusqu’à ce que vous soyez clair.

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