Sathyadas

De tout temps, certains êtres ont vécu, à un moment donné de leur existence, une ouverture sur un autre état de conscience.
Cette expérience marque une rupture totale avec les modes de pensées et de perception ordinaires. Elle arrive brusquement et bouleverse les structures habituelles de la psyché. L'individu pénètre une autre réalité que certains appellent divin, satori, nirvana, éveil. Vis-à-vis d'elle, le monde dans lequel nous vivons semble une ombre, une illusion.
Ceux qui ont vécu cette expérience peuvent appartenir à une tradition religieuse, avoir suivi une longue discipline spirituelle, mais ils peuvent aussi être de simples profanes qui ont su développer en eux l'état d'esprit particulier qui a permis le surgissement de l'illumination.
Un certain nombre de personnes ayant vécu cette expérience ont laissé des témoignages précieux...

Universalité de l'expérience spirituelle

Le fait le plus étrange, lorsque nous étudions l'expérience de l'éveil est son universalité. Quels que soient l'époque ou le lieu, en Orient, comme en Occident, au Moyen Âge ou au XXe siècle, on retrouve une parole étrangement similaire.
Le saint indien Ramakrishna parle de sa vision de l'Abîme de la Divinité, qui eut lieu au temple-jardin de Dakshinesva, comme "d'un océan d'Esprit sans limites, éblouissant". (enseignemen de Ramakrishna, Maisonneuve, 1942)
Ces termes sont curieusement semblables à ceux du mystqiue Ruysbrock qui écrit dans son livre des sept clôtures : "Imaginez si vous voulez une mer immense faite de flammes ardentes et blanches où brûl la création réduite en feu..."
Le maître bouddhiste chinois Han Chan décrit, lui aussi, une expérience identique. Comme il le raconte dans son autobiographie, un jour, il vit "la grande totalité illuminatrice, transparente, vide et claire, tel l'océan limpide, et rien n'exista plus."
Et, pour lui, cette expérience était l'expérience ultime, celle qu'il réalisa parès une vie de quête.
Dans ces trois témoignages, on retrouve les notions d'océan, d'absence de limites, de clarté éblouissante, de totalité. Comme des regards différents jetés sur une même réalité.
De tels exemples pourraient être multipliés et il faut préciser qu'aucune filiation historique n'existe entre ces trois spirituels.
Han Chan vivait en Chine au XVIe siècle, Ramakrishna en Inde au XIXe siècle et Ruysbrock dans l'actuelle Belgique, au XIVe siècle. Ces similitudes signifient que des fils se sont tissés au-delà de l'espace et du temps qui font se correspondre des êtres sans liens apparents...
Derrière les particuliarités culturelles propres à chacun, derrière cette apparente diversité des chemins demeure une vérité essentielle. Une fois dépassées les modalités qui conditionnent tout individu, se révèle la nature de ce que nous pouvons appeler la Divinté, la Grande Totalité Une, ou encore l'Essence Ultime de l'Être. Qu'importe les mots, puisque cette expérience est indicible. Toutes ces descriptions sont des approches imparfaites qui tentent de cerner une réalité inéffable, une tentative de mettre des mots dans cet espace étroit.