25 avril 2006

 

Le progrès en procès

« La vie et les vivants ne peuvent plus supporter ce à quoi, désormais, l’ambition progressiste conduit. Il suffit d’ouvrir les yeux pour constater les dégâts. Après Dieu, le progrès est mort». La condamnation est sans appel et le réquisitoire de Jean Paul Besset, impitoyable ! « Destructions, dégradations, dévastations, contaminations, pollutions, mutations... la plus grande casse de l’histoire est en cours. C’est la casse du vivant. L’écocide » ! Porté aux nues par nos sociétés
modernes, le progrès est devenu destructeur et nous sommes tous en danger d’extinction : après les végétaux et les animaux, c’est au tour de l’humanité d’en être la proie car aujourd’hui « l’homme menace l’homme » : 20% des décès annuels dans le monde (10 millions de personnes) sont attribués à la dégradation de l’environnement. Pire encore : la catastrophe écologique se double d’une crise sociale avec son cortège d’inégalités, de précarité, frustrations et pathologies de l’âme humaine. Mais qu’on se rassure clame le discours dominant : le progrès scientifique et technique est à même de réparer ses propres méfaits! Impossible rétorque Jean Paul Besset : le génie de l’homme est peut être immense mais il est : « incapable de recréer
un climat bienveillant, un toit d’ozone protecteur,... une eau potable pour 9 milliards d’individus... Toutes les Silicon Valley de la planète n’y changeront rien. L’humanité ne possède aucune solution technique susceptible de se substituer au vivant. » Alors d’où viendra le salut ? Ni de droite, ni de gauche affirme J.P Besset. Libéraux et gauchistes s’entendent depuis
toujours pour défendre le même imaginaire progressiste et « se refusent à prononcer les mots qui fâchent : décroissance, limites, sobriété, modération, écotaxes». Mais bien loin de prôner un repli sur le passé, le livre appelle de ses voeux l’avènement d’une nouvelle Terre:
celle de la « social-écologie ». Il ne s’agit pas d’un nouveau programme miracle ou de la toute dernière idéologie providentielle mais bien d’une profonde mutation de nos sociétés. Tournant le dos au dogme progressiste de la croissance, la « social-écologie» nous propose d’emprunter un chemin « pragmatique, graduel et négocié » où « disposer d’une planète vivable deviendrait le premier des droits et des devoirs de chaque humain. » Toute la question étant de savoir si nous aurons « assez de temps pour choisir les modalités de la sobriété avant que le rationnement ne nous soit brutalement imposépar l’effondrement du vivant ? »
S. de M.

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