27 mai 2006

 

Mondialisation et emploi

Une affirmation (une évidence ?) : la bataille pour l’emploi dans les pays occidentaux est irrémédiablement perdue dans un système mondialisé.
Des constats :
- Le volume des exportations chinoises vers l’Europe a été multiplié par 40 depuis 78
- Il représentait 175 milliards d’euros en 2004, contre 97 milliards d’euros d’exportations européennes vers la Chine
- Le N°1 de la distribution dans le monde, l’américain Wal-Mart, a importé pour 18 milliards de dollars à la Chine en 2005 ; cela représente 1 million d’emplois délocalisés
- La Chine fabrique 85% des tracteurs, 75% des montres, 60% des lecteurs DVD, produits dans le monde
- Les délocalisations touchent de plus en plus les services :
o L’agence Reuters délocalise l’édition et les légendes de ses photos à Singapour
o Des compagnies basées à New Delhi en Inde proposent des devoirs à la maison individualisés aux étudiants américains
o L’industrie informatique américaine a perdu 16% de ses emplois en 3 ans, de 2001 à 2004

Des prévisions :
- plus de 4 millions d’emplois perdus dans les pays occidentaux dans le secteur des services d’ici 2008
- d’après une étude de l’OCDE, 15 catégories d’emplois, représentant 19% des emplois de l’union Européenne sont concernés : employés de bureau, ingénieurs et architectes, mathématiciens, chimistes, physiciens…

Des explications :
- la Chine dispose bien sûr de main d’œuvre bon marché (et le réservoir est immense) pour fabriquer des produits de base…
- … mais surtout la Chine et l’Inde rattrapent –ou plutôt ont rattrapé- leur retard technologique très rapidement
o la taille de ces pays leur donne des moyens énormes, à la fois financiers et en matière grise
§ la Chine forme 250 000 ingénieurs chaque année, dont 50 000 dans les nouvelles technologies ; il y a plus d’ingénieurs informatiques à Bangalore en Inde qu’à la Silicon Valley
§ l’investissement dans la recherche s’accroît de 20% par an en Chine
o la Chine accueille les investissements étrangers sur son sol, et bénéficie ainsi à la fois de nouveaux emplois et de transferts de technologies
o quand il n’est pas souhaité par les firmes étrangères, le transfert de technologie est souvent une condition nécessaire pour exporter (à court terme !) vers la Chine
§ La Chine achète des Airbus, mais la première usine de construction d’Airbus sera construite en Chine en 2008
§ La firme allemande Siemens a vendu 60 TGV à la Chine, mais 3 seulement seront construits en Allemagne

Une question : Pourquoi les économistes occidentaux continuent-ils à prôner la mondialisation, à affirmer contre toute évidence qu’elle profitera aux pays occidentaux s’ils investissent dans les nouvelles technologies ?

Une réponse ? Peut-être parce que la mondialisation profite aux sociétés occidentales : 85% des exportations chinoises dans les industries high-tech (pharmacie, aéronautique, télécommunications…) sont réalisées par des sociétés non chinoises. Les bénéfices sont rapatriés dans les pays occidentaux.

Qui est gagnant :
- les actionnaires de ces grandes compagnies
- une minorité de nouveaux riches dans les pays en développement
Qui est perdant ?
- les salariés occidentaux, réduits au chômage ou dont les conditions de travail et les revenus ne cessent de se dégrader, au nom de l’exigence de compétitivité
- la grande majorité des travailleurs chinois, dont les conditions de travail et les revenus n’ont bien sûr rien à voir avec ceux des occidentaux. Les raisons : une très forte concurrence, un exode rural qui amène toujours plus de travailleurs dans les villes (300 millions de plus prévus entre 2004 et 2010), un taux de chômage allant jusqu’à 70% dans certaines villes
- l’environnement en Chine : l’OMS estime que les 6 villes les plus polluées au monde sont en Chine, les pluies acide tombent sur 1/3 du pays, la moitié de ses eaux est « inutilisable », et la Chine va devenir le premier émetteur de gaz à effet de serre au monde.

Un changement brutal de société aurait des conséquences très graves à court terme : chômage, désorganisation. Les évolutions doivent être rapides –il y a urgence- mais progressives, pour que la société puisse s’y adapter. Elles reposent sur des changements culturels que des changements politiques accompagneront.

C’est pourquoi vous, simple grain de sable dans la multitude, vous pouvez agir :
- en consommant moins et en consommant mieux (producteurs, artisans locaux)
- en diffusant ces idées, en plaidant autour de vous pour l’abandon du dogme de la croissance, le refus de la publicité, une décroissance énergétique radicale, une politique favorisant les projets locaux et de dimensions humaines,

Nous pouvons changer notre vie !

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