21 juin 2006
Le CPE vu par Pierre Rabhi
Les générations futures sont déjà parmi nous. Elles sont dans
les berceaux, les crèches, dans tous les établissements d’éducation.
Elles sont dans la rue pour exprimer leur inquiétude à l’égard d’un
monde qui leur réserve un avenir bien plus chargé de menaces que de
certitudes et de sécurité. Car, à la somme considérable de nos
aptitudes a cruellement manqué l’intelligence et l’humanisme, seuls capables de
faire de notre merveilleuse planète une oasis où il fait bon vivre. La société technico-scientifique énergivore productiviste et marchande s’est fondée sur une règle exaltant l’antagonisme, l’avidité, la compétitivité, celle-là même avec laquelle nous élevons nos enfants, celle-là même dont seront victimes, s’ils ne lui substituent pas la solidarité et la complémentarité, les jeunes qui manifestent
aujourd’hui dans les rues.
Ces manifestations entre injonctions, protestations et appels au secours sont bouleversantes car elles sont l’un des symptômes d’une pathologie sociale globale et vouloir y remédier sans tenir compte de cette globalité serait un leurre. Gouverner aujourd’hui consiste, par la force des circonstances imputables au manque de prévision des divers gouvernements, à exercer une sorte d’acharnement thérapeutique sur un organisme moribond. Si l’état n’était plus en capacité d’assumer les mesures sociales de substitution, si Emmaüs, les Restos du Cœur et tous
les autres secouristes sociaux cessaient d’intervenir, on aurait la juste mesure du désastre. Tout cela met en évidence une vérité simple : notre modèle de société national et international arrive à ses limites et s’obstiner à l’aménager n’a pas de sens.
La jeunesse d’aujourd’hui est la victime d’une éducation et d’une préparation qui n’ont pas pris en compte les formidables mutations qui bouleversent le monde contemporain avec des défis sans précédent lancés à l’humanité. La trilogie diplôme / emploi / salaire est l’apanage révolu des Trente Glorieuses et le système éducatif ne semble pas l’avoir compris. N’avoir pas de revenu oblitère complètement la personne humaine, ce qui justifie l’insécurité physique et psychique qui se repère dans la société au sein même de la prospérité.
Le temps des grandes utopies réalistes a sonné. Il offre un nouveau champ de créativité que la société civile a largement entamé.
Un nouveau paradigme mettant honnêtement, sincèrement l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations est à construire. Il nécessite absolument de sortir du «toujours plus » indéfini et de l’économie du superflu pour répondre prioritairement aux nécessités vitales de tous.
Cependant, il est temps de comprendre, au-delà de quelques considérations écologiques ou écologico-politiques, que nous devons irrévocablement notre vie et notre survie à la nature dont une civilisation « hors-sol» nous a dangereusement éloigné. La respecter, en prendre soin est une condition incontournable si nous voulons que les futures générations puissent survivre. L’avenir est à la sobriété heureuse… et cet avenir est tout à fait possible si nous le voulons vraiment.
les berceaux, les crèches, dans tous les établissements d’éducation.
Elles sont dans la rue pour exprimer leur inquiétude à l’égard d’un
monde qui leur réserve un avenir bien plus chargé de menaces que de
certitudes et de sécurité. Car, à la somme considérable de nos
aptitudes a cruellement manqué l’intelligence et l’humanisme, seuls capables de
faire de notre merveilleuse planète une oasis où il fait bon vivre. La société technico-scientifique énergivore productiviste et marchande s’est fondée sur une règle exaltant l’antagonisme, l’avidité, la compétitivité, celle-là même avec laquelle nous élevons nos enfants, celle-là même dont seront victimes, s’ils ne lui substituent pas la solidarité et la complémentarité, les jeunes qui manifestent
aujourd’hui dans les rues.
Ces manifestations entre injonctions, protestations et appels au secours sont bouleversantes car elles sont l’un des symptômes d’une pathologie sociale globale et vouloir y remédier sans tenir compte de cette globalité serait un leurre. Gouverner aujourd’hui consiste, par la force des circonstances imputables au manque de prévision des divers gouvernements, à exercer une sorte d’acharnement thérapeutique sur un organisme moribond. Si l’état n’était plus en capacité d’assumer les mesures sociales de substitution, si Emmaüs, les Restos du Cœur et tous
les autres secouristes sociaux cessaient d’intervenir, on aurait la juste mesure du désastre. Tout cela met en évidence une vérité simple : notre modèle de société national et international arrive à ses limites et s’obstiner à l’aménager n’a pas de sens.
La jeunesse d’aujourd’hui est la victime d’une éducation et d’une préparation qui n’ont pas pris en compte les formidables mutations qui bouleversent le monde contemporain avec des défis sans précédent lancés à l’humanité. La trilogie diplôme / emploi / salaire est l’apanage révolu des Trente Glorieuses et le système éducatif ne semble pas l’avoir compris. N’avoir pas de revenu oblitère complètement la personne humaine, ce qui justifie l’insécurité physique et psychique qui se repère dans la société au sein même de la prospérité.
Le temps des grandes utopies réalistes a sonné. Il offre un nouveau champ de créativité que la société civile a largement entamé.
Un nouveau paradigme mettant honnêtement, sincèrement l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations est à construire. Il nécessite absolument de sortir du «toujours plus » indéfini et de l’économie du superflu pour répondre prioritairement aux nécessités vitales de tous.
Cependant, il est temps de comprendre, au-delà de quelques considérations écologiques ou écologico-politiques, que nous devons irrévocablement notre vie et notre survie à la nature dont une civilisation « hors-sol» nous a dangereusement éloigné. La respecter, en prendre soin est une condition incontournable si nous voulons que les futures générations puissent survivre. L’avenir est à la sobriété heureuse… et cet avenir est tout à fait possible si nous le voulons vraiment.
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