20 août 2007
Wikipédia modifié...
Ces entreprises et organismes qui modifient Wikipédia dans leur intérêt
par Claire Ané
Mondialisation.ca, Le 16 aout 2007
Le Monde
C'est en apprenant que des élus du Congrès ou leurs collaborateurs avaient eux-mêmes écrit leur notice biographique sur l'encyclopédie libre Wikipédia que Virgil Griffith, un étudiant américain – qui avait déjà révélé les failles de différents systèmes informatiques –, s'est attelé l'an dernier à créer le WikiScanner, mis en ligne lundi 13 août. Ce logiciel, qui croise différentes bases de données, permet à tout internaute de trouver à quels organismes ou entreprises appartiennent les adresses IP des ordinateurs d'où ont été modifiées anonymement des notes de l'encyclopédie libre. Et, en comparant ainsi deux versions d'une notule, de constater qu'un utilisateur du réseau informatique d'une entité a modifié ou supprimé des passages qui le gênaient.
Les exemples sont légion. Le magazine américain Wired évoque notamment la disparition, le 17 novembre 2005, de plusieurs paragraphes critiquant la fiabilité des machines à voter Diebold et les liens entre son dirigeant et George W. Bush. Une suppression qui, selon le WikiScanner, émane d'adresses IP utilisées par les bureaux de la firme Diebold elle-même. La chaîne de supermarchés Wal-Mart a pour sa part remplacé une phrase sur ses salaires : le premier texte les disait plus bas que ceux du reste de la grande distribution... le nouveau les qualifiait de deux fois plus élevés que le salaire minimum.
CIA, NSA, FBI
Du côté des autorités, des modifications ont été effectuées depuis des adresses IP de la CIA, mais elles sont plutôt marginales selon Wired. Plutôt que de tenter de relever lui-même toutes les modifications "honteuses", le site a sollicité ses visiteurs, qui soumettent des cas et désignent ceux qui leur paraissent les plus ou les moins scandaleux. On y lit ainsi qu'une personne se connectant du réseau de la NSA (Agence de sécurité américaine) a supprimé, dans la note sur "l'extraction d'information", un lien qu'elle jugeait "non pertinent" vers le réseau Echelon, système de la NSA qui permet d'intercepter les communications ; que le FBI a supprimé des vues aériennes de la prison de Guantanamo ; qu'un membre du réseau informatique du gouvernement israélien a tenté de supprimer toute la note concernant le "mur" construit pour séparer l'Etat hébreu de la Cisjordanie.
On apprend aussi, entre autres modifications classées très haut par les internautes, que les références à la catastrophe de l'usine de pesticides de Bhopal et de l'agent orange ont été supprimées depuis le réseau du fabricant de produits chimiques Dow Chemical. Ou encore qu'un membre du Parti républicain a remplacé "armée d'occupation" par "armée de libération" pour évoquer la coalition emmenée par les Etats-Unis en Irak. Les scientologues, eux, œuvrent à supprimer toute critique à leur encontre. On découvre également qu'une phrase affirmant que le système de Microsoft MSN Search est "un rival majeur de Google" émane justement de l'agence chargée des relations publiques de Microsoft.
Articles de Claire Ané publiés par Mondialisation.ca
par Claire Ané
Mondialisation.ca, Le 16 aout 2007
Le Monde
C'est en apprenant que des élus du Congrès ou leurs collaborateurs avaient eux-mêmes écrit leur notice biographique sur l'encyclopédie libre Wikipédia que Virgil Griffith, un étudiant américain – qui avait déjà révélé les failles de différents systèmes informatiques –, s'est attelé l'an dernier à créer le WikiScanner, mis en ligne lundi 13 août. Ce logiciel, qui croise différentes bases de données, permet à tout internaute de trouver à quels organismes ou entreprises appartiennent les adresses IP des ordinateurs d'où ont été modifiées anonymement des notes de l'encyclopédie libre. Et, en comparant ainsi deux versions d'une notule, de constater qu'un utilisateur du réseau informatique d'une entité a modifié ou supprimé des passages qui le gênaient.
Les exemples sont légion. Le magazine américain Wired évoque notamment la disparition, le 17 novembre 2005, de plusieurs paragraphes critiquant la fiabilité des machines à voter Diebold et les liens entre son dirigeant et George W. Bush. Une suppression qui, selon le WikiScanner, émane d'adresses IP utilisées par les bureaux de la firme Diebold elle-même. La chaîne de supermarchés Wal-Mart a pour sa part remplacé une phrase sur ses salaires : le premier texte les disait plus bas que ceux du reste de la grande distribution... le nouveau les qualifiait de deux fois plus élevés que le salaire minimum.
CIA, NSA, FBI
Du côté des autorités, des modifications ont été effectuées depuis des adresses IP de la CIA, mais elles sont plutôt marginales selon Wired. Plutôt que de tenter de relever lui-même toutes les modifications "honteuses", le site a sollicité ses visiteurs, qui soumettent des cas et désignent ceux qui leur paraissent les plus ou les moins scandaleux. On y lit ainsi qu'une personne se connectant du réseau de la NSA (Agence de sécurité américaine) a supprimé, dans la note sur "l'extraction d'information", un lien qu'elle jugeait "non pertinent" vers le réseau Echelon, système de la NSA qui permet d'intercepter les communications ; que le FBI a supprimé des vues aériennes de la prison de Guantanamo ; qu'un membre du réseau informatique du gouvernement israélien a tenté de supprimer toute la note concernant le "mur" construit pour séparer l'Etat hébreu de la Cisjordanie.
On apprend aussi, entre autres modifications classées très haut par les internautes, que les références à la catastrophe de l'usine de pesticides de Bhopal et de l'agent orange ont été supprimées depuis le réseau du fabricant de produits chimiques Dow Chemical. Ou encore qu'un membre du Parti républicain a remplacé "armée d'occupation" par "armée de libération" pour évoquer la coalition emmenée par les Etats-Unis en Irak. Les scientologues, eux, œuvrent à supprimer toute critique à leur encontre. On découvre également qu'une phrase affirmant que le système de Microsoft MSN Search est "un rival majeur de Google" émane justement de l'agence chargée des relations publiques de Microsoft.
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